Sur cette toile de fond, bien que reposant sur une contrainte, celle du juridique, les Espaces de rencontre sont un dispositif qui ouvre un temps à penser propre à chacun.e. Un temps à saisir. Un temps pour se re-saisir peut-être.

Compactées par la judiciarisation du conflit, prises dans la tourmente qu’elle crée, les temporalités de chacune et de chacun (parent ou enfant) peuvent retrouver une place pour se déplier, parce que le malentendu retrouve, lui, un droit de cité.

Le ressort de l’éminemment singulier cesse d’être écrasé par un mode de traitement généralisé et standardisé. Il permet de créer (ou de recréer) les conditions pour que chaque enfant puisse un jour ouvrir une porte sur l’énigme de son origine. Pour qu’il entrevoit l’histoire de la rencontre singulière entre celles et ceux qui sont, un jour, devenus ses parents. Sans être livré ni à l’un, ni à l’autre. Ni à leur vindicte.

L’interaction entre parents, enfants et professionnel.le crée un collectif solide, où chacun trouve des ressources et du soutien. Ce collectif, formé par la diversité des expériences et la richesse des singularités, devient une ressource précieuse, permettant à chacun.e d’être accueilli.e. Ce défi d’intégrer chaque singularité dans un collectif permet de bâtir un espace où chacun.e peut se ressourcer et avancer. Être incité à repenser sa trajectoire, ce qu’aura été une rencontre, une séparation à l’aune de sa propre histoire d’enfant.

Cette pratique incite à sortir des impasses du tout ou rien. À réintroduire des temporalités psychiques qui ne fonctionnent pas sur le même tempo. À laisser des pauses ou des respirations pour ne pas occulter les possibilités de se construire pour les enfants, pour reprendre les rênes de leur parentalité pour les parents, en prenant la mesure du temps et de la distance nécessaires à l’autre quand il y a eu des moments d’égarement, parfois jusqu’à la violence…

La singularité constitue une richesse quand elle s’inscrit dans un collectif, quand elle construit la dynamique collective, elle devient une force. Pour nos enfants et nos adolescents, soutenir la parentalité titre le rapport de décembre 2024 de la commission présidée par Serge Hefez et Hélène Rouques, qui indique « les parents sont appelés à devenir partenaires de la société dans un esprit de co-éducation et de co-développement ».

Les espaces de rencontre, enfants – parents, permettent un pas dans cette direction, dans une démarche où la participation n’est pas un vain mot et où le partage d’expérience et le témoignage ont toute leur place…